mercredi 7 septembre 2011

L'origine de ce blog

En janvier 2000, je rencontrais au Midem, David Grimal, jeune violoniste virtuose. Il me disait qu'interpréter la musique de son époque était un devoir pour lui, pour faire vivre le répertoire, pour donner un sens à sa vie. Il venait de commander 7 œuvres courtes pour violon seul à 7 compositeurs contemporains venus d'univers différents (Escaich, Gasparov, Kissine, Pauset, Tanada, Zur, Zygel).
Je venais de terminer, en compagnie de Michel Onfray, le portrait filmé du compositeur, Eric Tanguy, et le monde complexe de la musique contemporaine m'avait été une révélation. Le désir de découvrir d'autres énergies et d'autres agencements à travers ce chemin initiatique qu'entamait David Grimal était trop tentant et je le suivis donc pendant 2 ans, depuis le décryptage des œuvres, les rencontres avec les compositeurs, jusqu’au concert final. Je pensais faire l'arrangement de 7 petits portraits de compositeurs, à la manière de ces miniatures intimes qui ornent bureaux et tables de nuit, mais ce que je fis fut surtout un portrait à facettes de l'interprète. Chaque rencontre de David avec un compositeur et son oeuvre dévoilait avec force un pan de sa personnalité et révélait à l'évidence comment on devient ce que l'on est.

Après la présentation du film de ces 7 créations, Henri Demarquette, ayant apprécié mon travail, me proposa de filmer l'intégrale des Suites de Bach pour violoncelle qu'il souhaitait (ré) enregistrer. C'est une œuvre fascinante, de nombreux violoncellistes l'ont enregistrée plusieurs fois et c'est encore un record de vente. Mon désir et mon ego furent enthousiastes. Nous fîmes cet enregistrement dans la villa que Charles Münch avait à Villefavard, en Limousin où j'habite, et nous devînmes amis.

Je découvris incidemment alors que nous sortions les larmes aux yeux d'une rencontre filmée avec Gilles Cantagrel, que nous nous étions engagés dans un processus puissant qui avait profondément transformé Henri et qui me transformait également, mais ceci est une autre histoire…

Les Suites produites, Henri Demarquette me proposa de continuer avec des créations de concertos qu'il commandait ; au souvenir des 7 créations, j'acceptai, il est doux d'être entraîné dans ces aventures. Les compositeurs ? Pascal Zavaro, James Macmillan, Florentine Mulsant… la re création du concerto de Olivier Greif et de celui de Henri Dutilleux, 'Tout un monde lointain'. Pour ce dernier ce ne serait pas une création mais un hommage à l'œuvre créée par Rostropovitch l'année de la naissance d'Henri Demarquette. (Ce concerto fait l'objet de deux documentaires destinés à la diffusion télé aidés par le Fond d'Action Sacem.)

Pascal Zavaro était en pleine écriture de l'œuvre et la première rencontre scella mon intérêt. Les rencontres entre Henri Demarquette et Pascal Zavaro sont extrêmement enrichissantes et éclairent autant sur le travail du compositeur, son énergie créatrice et sa dextérité à assurer l'équilibre, que sur la rigueur et la richesse imaginative de l'interprète dans sa lecture de l'œuvre. Ces deux jeunes hommes, fermement ancrés dans leur temps, incarnent dans une intemporalité émouvante toutes les rencontres du passé que le répertoire permet d'imaginer.

Assister à ces têtes à têtes est un privilège, en garder la mémoire, un devoir.

Permettre d'en apprécier le fruit, conserver le souvenir de sa naissance, le voir grandir, assister et suivre sa diffusion, son évolution, voilà la prétention de ce blog.

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